Il erre, aveugle et sourd, oublieux et muet, il ignore laquelle de ses bouches continuera de parler après lui, il sait seulement qu’il n’est pas la somme de ses chutes, ni l’écume de sa sueur, ni l’amertume de sa salive ni l’écho de ses gémissements. Il sait, il ne sait rien, presque rien, il sait, il sait seulement, il sait salement, seulement qu’il avance, qu’il avance dans l’obscur du monde, tâtonnant trébuchant, suivant ce chemin qu’il invente à chaque pas, qu’il trace dans la glaise, qu’il creuse dans le vent, dans le ventre mou du monde, dans l’interminable absence, dans le vide, bouche avide, dévoratrice de sa vie, dans le vide, vers le centre, vers la présence insaisissable, vers la rose de l’absence, la rosée de n’être plus, vers le grand nulle part, le sommeil deviné, la terre légère. |