Dieu est mort, c’est certain. Mais nous n’avons pas tué Dieu : il s’est éteint tout seul – non point d’inanition, mais d’être au contraire … trop plein ! Il avait oublié son vide – son immense vide sans limites, son infini néant dont il ne voulait prendre repos. Il avait oublié que c’était son absence qui gageait sa présence sur les chemins de montagne, et que c’était sa présence, trop massive ou trop lourde, qui le rendait si absent – d’une absence qui ne pouvait plus rien nous dire dans le murmure des oracles, dans le vol des oiseaux, dans les cris éructés par la pythie révulsée. Alors, oui, aujourd’hui, retrouver ce grand vide, cette retraite de Dieu pour que vive le monde, que les fées nous enchantent et les femmes nous affolent – retrouver le néant de Dieu, pour que mille dieux viennent danser de nouveau dans nos veines ouvertes. Dieu est mort – de trop de vie, et c’est en nous défaisant de lui que nous retrouverons son principe omniprésent de n’être plus là sur nos têtes – que nous le retrouverons dans nos coeurs où il habite la source d’où jaillit toute vie – toute vie véritable sous la figure de la Sagesse immémoriale. |