Homme égaré dans les siècles, Ne trouveras-tu jamais un contemporain? Et celui-là qui s'avance derrière de hauts cactus Il n'a pas l'âge de ton sang qui dévale de ses montagnes, Il ne connaît pas les rivières où se trempe ton regard Et comment savoir le chiffre de sa tête recéleuse? Ah! tu aurais tant aimé les hommes de ton époque Et tenir dans tes bras un enfant rieur de ce temps-là! Mais sur ce versant de l'Espace Tous les visages t'échappent comme l'eau et le sable Tu ignores ce que connaissent même les insectes, les gouttes d'eau, Ils trouvent incontinent à qui parler ou murmurer, Mais à défaut d'un visage Les étoiles comprennent ta langue Et d'instant en instant, familières des distances, Elles secondent ta pensée, lui fournissent des paroles, Il suffit de prêter l'oreille lorsque se ferment les yeux. Oh! je sais, je sais bien que tu aurais préféré Être compris par le jour que l'on nomme aujourd'hui A cause de sa franchisse et de son air ressemblant Et par ceux-là qui se disent sur la Terre tes semblables Parce qu'ils n'ont pour s'exprimer du fond de leurs années-lumière Que le scintillement d'un coeur Obscur pour les autres hommes. |