La tête en bélier. Artaud avance tel qu'il voyait lui-même avancer Van Gogh dans ses toiles: de toute la force des retours. Une ruée de torchis facial à la gloire des yeux. Mais aussi la statue d'insomnie à la fenêtre des peintres au départ. L'homme des hautes herbes, l'aura humaine d'une anatomie creusée au-delà des côtes qui saillent à vide, le regard en morceaux dont les deux yeux tendent le clair éboulis, et la chemise bouffante du présage fantomatique. La tête en avant, c'est le tir humain. En quoi le plus réussi des tableaux labourés n'atteindra jamais le dessin inquiet d'un visage de tous les jours, en quoi les quelques bâtons dessinés de la moindre figure éclabousseront toujours de pauvreté essentielle l'astuce lilliputienne. C'est elle, la bonne tête, dont le coeur crie comme après sa mère. |