Dans l'électron caché de l'eau
se consume l'ardeur de brûler
jusqu'au dernier jour
Kathleen Raine
je suis un dieu sombre aux yeux d'or
Je remonte vers la surface
j'écoute
l'eau s'écouler
à travers tout mon corps
Je fuse
de l'outre-naissance à l'outre-mort
dans le poème perpétuel
de la vie inévitable
Je remonte
en ressac cadencé
à l'écoute des pulsations
émises par mon étoile
Quel temps fait-il en eau profonde
c'est une apnée de diamant
Je glisse
par des couloirs phosphorescents
est-il une autre vie
que cette mort dans la vie
Je glisse
ascensionnel
j'ai délaissé mon sarcophage
je me disperse
aux vents liquides
aux courants imprévisibles
Pour mieux revenir
à la surface de la lumière
écouter chaque signe de vie
jouer démesurément avec le fleuve
Surpassement de soi
vide étincelant
Affranchi des pesanteurs
je repousse toute frontière
je vois l'invisible
en dansant
Je glisse et je tressaille
dans les touffes boueuses
de l'esprit
Encore un cristal bleuté
au bord du temps
mon âme ralentit
Le silence
sait remonter si haut
L'oxygène abandonne mes poumons
pour se répandre à travers mon sang
Derrière l'iris
la remontée est aussi belle
que la descente
Tout au fond du trou noir
je surprends l'éclaircie
entre attention et intuition
Je me déroute
en immense blessure
je recueille la pluie de mes fragments
Fusion
de l'esprit et de l'espace
caresse vive de la mélancolie
Je suis un mystique charnel
un pur désintégriste
Contre tous les broyeurs de vie
je crois
à la puissance magnétique du souffle
Contre le cercle des âmes
au coeur si noir
contre le cercle des barbares
au coeur vide
je mets à nu le coeur de tout
Je réapprends à rayonner
embrassant le feu
comme une panthère kurde
sur un champ de mines
Je reviens
encore et toujours
à la seule force de ma brasse
en toute lenteur
du plus chaviré des profondeurs
je croise enfin
le sillage du soleil de nuit