dans les parcs comme débarqué des hasards étrangers
et parages de terreur
Je cherchais la tombe de Soutine
Par-dessus l'épaule
des pans de rue encaissés
comme des fonds de carrière
pleine d'aboiements et d'échecs
Quiconque aurait vu messire
arrêté sur ce banc aurait
connu le feu blanc
allumé au corps
saqué de biseaux
Scié à la verticale
J'accostai au cimetière Montparnasse
car je voulais m'effarer
sur la tombe de Soutine
En faisant les vingt mètres
dont j'étais capable
Je fus bientôt en face
d'un lopin branlant
aux bordures de potager
minuscule
C'était la tombe de Baudelaire
Cette espèce de cagette
mal enfoncée aux dimensions
d'une fosse d'enfant
Ce caisson tordu
du mort qui ne dort jamais
J'ai vu la taille des Fleurs du Mal
Leurs gerbes coupées
L'air froid le tournis l'affreux vertige
de la tête pivotante
cherchant le monument né
de cette tombe dépassant
comme l'obus fatigué
d'éclater à la face
des milliards de nuits humaines
L'air froid m'arrachait
Le dedans de la figure
Nu alors
Le tronc criblé
d'une rafale fauchant
les mots qu'on allait dire
Transpercé par les palais
des cataractes à venir
et des souffles à vrombir
Cette ville s'est construite
un peu vite comme une héritière
qui ne veille plus son mort
et l'a si mal veillé
que sa tombe est assise plus qu'allongée
évadée d'un four
dont la cuisson n'a jamais pris
et qui parle une langue
d'éternité médusée
Moi qui suis la tour de pierre
de tes cœurs écrasés PARIS
Baudelaire
Seul rescapé
de Paris atomique
au centre de la carcasse
fleurie à cœur d'homme
Paris et son lierre
de verre de fer et d'acier
depuis cette tombe faussée
fichue de côté
comme le noyau
et le branloir
Le caillot forcené
dont ni la terre
Ni le ciel
N'ont voulu