Je suis encore un tigre, Un cobra, Un vautour, Je porte crocs et griffes acérées Et des venins de toutes sortes. Et depuis la ciguë amère, La plante empoisonnée, le champignon qui tue, Jusqu'au raffinement des mots, Je possède les instruments anciens et nouveaux Destinés à tailler, à mordre, à transpercer, Et tel un fauve en l'épais des broussailles Dans la sauvagerie sylvestre, Je sais cacher la fange en moi. Orgueilleuse je vais, levant la tête au ciel Afin que l'on puisse voir Que sur le ventre Je rampe encore comme un ver. Nul Dieu ne m'envoya vers vous. Je suis venue à vous D'un monde de malheur, de haine, d'ordure, Mille fois remâché, confondu, dévasté. Je suis venue à vous... |