tournait déjà à l'aurore.
Sa violence spectrale
se crispait, rendant
tout étrange et difficile.
La lumière n'était pas la lumière,
ni l'amour l'amour,
et ce n'était pas moi qui savais
ce qui se sait, et l'air non plus
n'était pas celui qu'on respire.
Quelque chose en moi a cessé,
quelque chose qui n'était ni mien,
ni étranger, ni mon royaume.
(Je suis tombé hors du monde,
sans force le regard,
la couronne sans poids,
les yeux fermés
comme pour mourir.)
Et le souffle de la nuit est venu,
agile et pur,
il est venu je ne sais pourquoi.
Et il a parcouru mon front
voulant et ne voulant pas,
me pleurant et pleurant
à la fois sans motif
ou peut-être sans pleurer.
Ce n'était pas moi qu'il cherchait
et ce n'est pas moi qui l'ai trouvé;
il était la pure rencontre
et moi la seule attente.
Ce n'était pas à moi qu'il disait
sa parole secrète,
ou peut-être ne l'a-t-il pas dite.
(Il n'est pas venu pour être entendu
ni pour que je réponde,
il est venu parce que c'est ainsi.)
Mais moi je répondais
par des affres et des regards,
je ne sais pourquoi.
(La lumière
n'était pas la lumière, ni l'air
celui qu'on respire,
et le souffle ne m'appelait pas;
mais je répondais.)
Je ne sais pourquoi, par des affres
et des regards de vivant
je lui répondais.
Il est venu agile et pur,
ni en vain ni à raison,
ni pour moi ni m'ignorant,
mais selon une autre loi.
(Il est venu parce que c'est ainsi,
parce qu'il est le libre étranger,
ce qui ne nous connaît pas,
ce qui est précieux,
qui est autre...)