Envers Tu dormais. Je te réveille. Le grand matin nous offre l'illusion d'un commencement. Tu avais oublié Virgile. Voici les hexamètres. Je t'apporte beaucoup de choses. Les quatre racines du grec: la terre, l'eau, l'air et le feu. Un seul nom de femme. L'amitié de la lune. Les couleurs claires de l'atlas. L'oubli qui purifie. La mémoire, qui distingue et qui redécouvre. L'habitude, qui nous aide à sentir que nous sommes immortels. La sphère et les aiguilles qui morcellent le temps insaisissable. Le parfum du santal. Les doutes que, non sans vanité, nous appelons métaphysique. La courbe de ce bâton que ta main attend. Le goût des raisins et du miel. | Revers Eveiller celui qui dort est un acte ordinaire et quotidien qui pourrait nous faire frémir. Eveiller celui qui dort, c'est imposer à l'autre l'interminable prison de l'univers, de son temps sans déclin ni aurore, lui révéler qu'il est quelqu'un ou quelque chose, soumis au nom qui le dévoile et à l'amoncellement des hiers. C'est enfreindre son éternité. C'est l'accabler de siècles et d'étoiles. C'est rendre au temps un autre Lazare chargé de souvenirs. C'est faire injure au Lethé. |