Il y a un instant, nous étions des mendiants, des esclaves,
Et nous voici soudain libres. Il y a un instant
Nous nous traînions avec peine parmi des roues et des chaînes
Et maintenant nous sommes des princes au visage rayonnant
Ô ! Mon âme, tu te dresses fière devant moi,
Et chacun voit son âme sous les traits d'un être noble,
Qui s'approche et lui dit : "Voilà qui tu seras désormais"
Et nous nous regardons avec un étonnement joyeux
Car maintenant nous sommes des princes au visage rayonnant.
Avez-vous vu comment crie et pleure l'enfant
Lorsqu'il vient au monde? Nous, nous ne pleurons pas,
Nous rions, nous sommes émerveillés en entrant dans ce monde
Où la lumière nous couvre de somptueux habits
Car maintenant nous sommes des princes au visage rayonnant.
Une contrée heureuse s'étend de tous les côtés
Nous sommes grands, affables, et les arbres comme des chevaux
Se fient à nous et secouent leurs crinières de feuillages,
Et les rivières luttent en jouant comme de jeunes athlètes
Car maintenant nous sommes des princes au visage rayonnant.
Ô ! Le sourd se réfugie dans la vision. Et l'aveugle
Écoute intensément ce qu'il ne peut voir. Mais nous
Nous étions plus sourds, plus aveugles encore. Car nous,
Nous n'avions rien pressenti de ce monde
Où maintenant nous sommes des princes au visage rayonnant.
On a tort de mépriser les autres : on apprend un jour
Qu'ils sont des princes. On a tort de se mépriser soi-même
Un jour on apprend que l'on est prince et que tout
Terre, feu, air et eau concourent à faire nos joies
Car nous sommes des princes au visage rayonnant.