Couchés en terre de douleur,
Mordus des grillons, des enfants,
Tombés de soleils vieillissants,
Doux fruits de la
Brémonde.
Dans un bel arbre sans essaim,
Vous languissez de communion,
Vous éclatez de division,
Jeunesse, voyante nuée.
Ton naufrage n'a rien laissé
Qu'un gouvernail pour notre cour,
Un rocher creux pour notre peur,
O
Buoux, barque maltraitée!
Tels des mélèzes grandissants,
Au-dessus des conjurations,
Vous êtes le calque du vent,
Mes jours, muraille d'incendie.
*
C'était près.
En pays heureux. Élevant sa plainte au délice,
Je frottai le trait de ses hanches
Contre les ergots de tes branches,
Romarin, lande butinée.
*
De mon logis, pierre après pierre,
J'endure la démolition.
Seul sut l'exacte dimension
Le dévot, d'un soir, de la mort.
L'hiver se plaisait en
Provence
Sous le regard gris des
Vaudois;
Le bûcher a fondu la neige,
L'eau glissa bouillante au torrent.
Avec un astre de misère,
Le sang à sécher est trop lent.
Massif de mes deuils, tu gouvernes :
Je n'ai jamais rêvé de toi.
II
Traversée
Sur la route qui plonge au loin
Ne s'élève plus un cheval.
La ravinée dépite un couple;
Puis l'herbe, d'une basse branche,
Se donne un toit, et le lui tend.
Sous la fleur rose des bruyères
Ne sanglote pas le chagrin.
Buses, milans, martres, ratiers,
Et les funèbres farandoles,
Se tiennent aux endroits sauvages.
Le seigle trace la frontière
Entre la fougère et l'appel.
Lâcher un passé négligeable.
Que faut-il,
La barre du printemps au front,
Pour que le nuage s'endorme
Sans rouler au bord de nos yeux?
Que manque-t-il,
Bonheur d'être et galop éteint,
Hache enfoncée entre les deux?
Bats-toi, souffrant!
Va-t'en, captif!
La transpiration des bouchers
Hypnotise encore
Mérindol.