A l'avant du poème, au creuset le plus cuisant de sa trempe, il existe un combat. Un état premier où rien n'accepte la vitrification de la terre, la cession totale de la terre à ses déserts tassés et tarés de tristesse. Cette lutte, si elle devait éclater au milieu des êtres, porterait dans les corps, dans les cœurs, dans les crânes, un tel fracas de naissances et de tueries, que plus rien ne se laisserait écrire. Les mots, devenus leur fusée, seraient passés à la vie. Les désirs auraient leurs orages, les courages leurs éclairs, les damnations leurs crépuscules et les joies leur terreur grande comme des mondes; un châtiment de perfection après quoi, percé par le travers, le cosmos rendu aux révoltés de la sensibilité humaine serait le ciel de noblesse d'une machine de guerre gorgée de la terre aux étoiles, au milieu des gouffres de l'infini vibrant comme des tôles. |