Là-haut fanfare de soleil cuivres et cymbales dans la rosace du vitrail clairons et cors stridences jaune bleu velours du hautbois et des flûtes
et la basse obstinée du rouge qui descend et caresse le long des fresques les visages des saints
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La lumière fait la roue et palpe le silence
la pierre lape la lumière
Des roses éclosent aux claveaux les corbeaux s’habillent d’or de tremblants poissons se prennent aux orles des chapiteaux
et de l’acanthe une rosée coule à flot dans les patères et s’égoutte vers les plinthes
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Plus bas
dans la forêt qu’elle dessine en clair-obscur la lumière tâtonne et reconnaît des formes qu’elle modèle
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Des trophées naissent des feuillages des corps se glissent sous les volutes
rois aux manteaux de pourpre fugitive sirènes d’or liquide entortillées noires gueules de monstres affrontés
et l’insensible archer de pierre criblant de traits la tête de ce cerf
d’où s’écoule le sang en larme de lumière
Un feu onduleux passe plus bas encore le long des fût et meurt
dans la pénombre des travées.
*
Je m’abreuve à ce fleuve et la tête me pèse un labyrinthe de pensées s’y presse
fantômes exigeants chasseresses insoumises en lutte dans le dédale agiles cavales en furie ayant perdu les guides
et battant à mes tempes un rythme d’agonie
Je m’abreuve à ce fleuve où mes pensées se mirent ayant forcé mon front d’un corail qui le ceint
de son vivant diadème
nuées comme l’essaim hors de la ruche enfui elles tracent dans l’onde où elles coagulent l’arbre qui me couronne comme un madrépore
C’est la vie qui me quitte dans le précis reflet où s’achève ma tête
et double ma douleur
Dépouille je m’abreuve à mes pensées