La promenade n'est pas aussi éloquente que le voyage. Un murmure lui suffit, c'est pourquoi elle aime tant longer les ruisseaux. Attentive, elle écoute et ne parle guère. Son allure est légère, son souffle est régulier, rien n'affole son haleine. Si parfois son cœur bat plus vite, ce n'est pas qu'elle se précipite, mais qu'elle s'immobilise. Tout près, le monde a sursauté : l'envol d'un oiseau tressaillant dans les feuilles, un rayon de soleil ou quelque coup de vent, coup d'amour, coup de grâce...La promenade aime les surprises, ces lambeaux de papier froissé où viennent s'écrire d'étranges aventures. La promenade aime aussi le silence et les contes. En posant le pied sur la terre, nous la faisons rêver. Mais comme le monde n'est pas vraiment un grand jardin, il y a de longues plages blanches entre les rencontres. Beaucoup plus d'attente en somme que de trouvailles, le temps peut-être pour les yeux de s'écarquiller. La promenade est une parole simple où le désir sonne clair. Son air est vif; c'est pourquoi l'aube est le meilleur moment pour les pas comme pour les mots. Il ne s'agit jamais que de marcher ou d'écrire sans bien savoir où l'on va. Etre là, somnambule et sensible, les paumes tournées vers le chemin que l'on invente. Il reste si peu de choses à dire parmi tant d'ombre. |