Existe !… Sois enfin toi-même ! dit l’Aurore, O grande âme, il est temps que tu formes un corps ! Hâte-toi de choisir un jour digne d’éclore, Parmi tant d’autres feux, tes immortels trésors ! Déjà, contre la nuit, lutte l’âpre trompette ! Une lèvre vivante attaque l’air glacé ; L’or pur, de tour en tour, éclate et se répète, Rappelant tout l’espace aux splendeurs du passé ! Remonte aux vrais regards ! Tire-toi de tes ombres, Et comme du nageur, dans le plein de la mer, Le talon tout-puissant l’expulse des eaux sombres, Toi, frappe au fond de l’être ! Interpelle ta chair, Traverse sans retard ses invincibles trames, Épuise l’infini de l’effort impuissant, Et débarrasse-toi d’un désordre de drames Qu’engendrent sur ton lit les monstres de ton sang ! J’accours de l’Orient suffire à ton caprice ! Et je te viens offrir mes plus purs aliments ; Que d’espace et de vent ta flamme se nourrisse ! Viens te joindre à l’éclat de mes pressentiments ! |