Est-il possi...ble d'habiter vraiment la vie? De l'habiter jusqu'au bout? Pour qui mise sur la passion - au sens fort - du vivant, tout ce qui peut être dit doit être dit. Rien n'est rejeté, rien n'est exclu, rien n'est étranger. Tout est parole, et toute parole est potientiellement poésie. (...)
Tout communique - tout communie. Les petits et les grands chaos du monde entrent dans l'écriture et l'imprègnent sans réserve. De sorte que tout haïku réussi nous apparaît comme un tremplin de méditation - traduisant au mieux ces moments où saisis d'une évidence bouleversante, nous remarquons une fêlure sur le verre de la réalité. Tout à coup, le haïku respire - il respire parce qu'il permet de mélanger l'esprit et l'espace. Plus exactement, la surface du poème se voit transformée en espace intérieur. Le haïku occupe entièrement la vue, il éclôt dans le paysage mental jusqu'à l'emplir. Il nous offre ce surcroît de présence, où les frontières vacillent amoureusement. Tout pulse, tout palpite. L'esprit et l'espace se fondent et se confondent.
in Introduction au Haïku du XXè siècle par C. Atlan & Z. Bianu.