Vers 1930, M. las Vergnas, professeur au lycée Janson de Sailly, avait répondu spirituellement aux contempteurs des études classiques dans un discours prononcé lors d'une distribution solennelle des prix:
"Je regrette de ne pouvoir reprendre l'antique coutume de prononcer mon discours en latin mais, que voulez-vous, la mode est passée et il n'est personne à l'heure actuelle qui aurait le téméraire courage de la ressusciter.
Primo, comme disait un latiniste de mes amis, cela pourrait passer pour un ultimatum aux humanités modernes et ce serait ipso facto un véritable outrage au statu quo que de faire ex cathedra un pareil lapsus.
Secundo, il faut de plus en plus s'exprimer en français, c'est la condition sine qua non pour être persona grata.
Tertio, il ne faut pas ajourner sine die la remise de l'exeat que vous attendez, soit dit en a parte, comme nec plus ultra. Finis les pensums, finis les vetos ; l'heure est aux accessits, aux ex aequo, et cætera.
Dans un instant vous serez récompensés au prorata de vos efforts. On proclamera orbi et urbi vos résultats, non point grosso modo, mais in extenso, et vous emporterez un palmarès que vous conserverez jalousement en duplicata, comme mémento, première ébauche au sein de l'alma mater, alias l'universalité, de votre curriculum vitae.
Vous partirez ad libitum les uns par l'omnibus, les autres pedibus cum jambis ou vice et versa. Aussi ne veux-je plus retarder votre sortie d'un seul alinéa ou d'un seul post-scriptum et parvenu à mon terminus, je me contente de vous dire simplement in extrémis : mes chers amis, au revoir et belles vacances "