- Qu'en est-il des plaisirs de l'écriture ? - Ils correspondent exactement aux plaisirs de la lecture: les délices, la félicité tirées d'une phrase sont également ressenties par l'écrivain et par le lecteur; par l'écrivain satisfait et par le lecteur reconnaissant, ou - ce qui revient au même - par l'artiste qui bénit cette force inconnue dans son esprit qui lui a suggéré une association d'images et par le lecteur artiste que cette association réjouit. Chaque bon lecteur a, au cours de sa vie, tiré de grandes joies de quelques bons livres, alors pourquoi analyser des délices que connaissent les deux protagonistes ? J'écris surtout pour des artistes, mes semblables, mes compagnons. Cependant, je n'ai jamais réussi à expliquer d'une façon satisfaisante à certains étudiants de ma classe de littérature les principes de la bonne lecture qui veulent que l'on lise un livre d'un artiste non pas avec son cœur (le cœur est un lecteur particulièrement stupide), non pas avec son cerveau seul, mais avec son cerveau et sa moelle épinière. |