Introduction au roman Le Scandale Modigliani (traduction française 2011 Le Livre de Poche)
Je ne crois pas pour ma part, qu’il en aille ainsi dans la vie. Dans le monde réel, ce sont principalement à des circonstances indépendantes de notre volonté que nous devons de trouver au bout du chemin le salut ou la mort, le bonheur ou le malheur, la richesse ou le dénuement. (…)
Je ne suis pas fataliste ; je ne crois pas qu’un sort aveugle règle tout dans la vie. Je dis simplement que le contrôle que nous pouvons exercer sur notre existence n’est en rien comparable à celui d’un joueur d’échecs. Pour autant, je n’irais pas jusqu’à dire que la vie est un jeu de hasard. Comme toujours, la vérité est plus complexe. Si des mécanismes indépendants de notre volonté – voire obscurs à notre entendement – déterminent notre destin, il n’en demeure pas moins que les choix que l’on fait dans la vie engendrent des conséquences – conséquences parfois même à l’opposé de ce que nous en attendions.
Avec Le Scandale Modigliani, je voulais écrire un roman d’un genre nouveau, un roman qui reflète l’état de subtile dépendance dans lequel se retrouve la liberté individuelle lorsqu’elle est en butte à des mécanismes plus puissants qu’elle. Projet présomptueux s’il en est. Et qui s’est soldé par un échec. Peut- être est- il impossible d’écrire un tel roman. Peut- être la littérature, à l’inverse de la vie, est-elle bel et bien affaire de choix individuel.