La liberté, c'est l'autonomie. Chaque progrès sur la voie de la libération conduit à la joie. Nous en faisons tous l'expérience : plus on se libère de ce qui nous aliène, plus on est joyeux. Toute la pensée de Spinoza repose donc sur cette idée fondamentale : nous possédons une nature propre, singulière, unique qu'il convient d'accomplir : "le désir de chacun diffère du désir d'un autre autant que la nature ou l'essence de l'un diffère de l'essence de l'autre" (Ethique III,57, Spinoza). Il n'existe pas deux individus semblables, aux goûts et aux désirs identiques, puisque chaque individu a une nature qui lui est propre. Mais le formidable paradoxe de cette pensée, qui porte au sommet la notion de singularité de l'individu, c'est qu'une fois parvenu à la libération de la servitude; une fois qu'il est en pleine connaissance de lui-même, et en juste orientation de son désir propre; une fois qu'il est devenu parfaitement autonome, l'être humain est plus que jamais utile aux autres et capable d'aimer de manière juste. En effet nous dit Spinoza, on ne peut bien s'accorder aux autres que si on s'est déjà accordé avec soi-même. |