Lisant tel auteur spiritualisant, on peut entendre cette annonce provocatrice : l'acronyme CHSH, utilisé en information quantique, serait apparenté à la Kabbale, donc le rapprochement paraît convenable si on lui donne un sens purement métaphorique; ensuite, parce qu'on a souvent tendance à penser que tous les acronymes se valent dans leur aspect anthropologique général, celui de relation entre un homme et un alphabet. On a spontanément la tendance à croire que les combinaisons identiques de lettres, même quand elles appartiennent à des domaines différents de la vie, suivent un motif commun. Celle de "ChSh" apparaît, outre l'information quantique, dans Sefer Yetsirot, l'un des grands livres de la mystique juive, et même directement dans le texte hébreu de la Bible, où elle signifie "abriter" ou "offrir un asile". Selon la branche de la Kabbale dédiée aux rapports entre les lettres et les nombres, la valeur numérique de "ChSh" égale 308.
Un homme ayant un faible pour le mysticisme serait immédiatement tenté par ces "arguments". Il aimerait croire que ce nombre issu de la numérologie kabbaliste contienne une vérité profonde qui concerne la borne quantique de l'inégalité de Bel. Mais il aurait tort : les "308" de "ChSh" n'ont rien à voir avec la mécanique quantique. Certes, la science a ses énigmes aussi, mais il serait trop simple de croire que les symboles identiques créés par les intelligences scientifique et mystique soient une seule et même chose. Chaque énigme exige une approche individuelle, qui permet, non pas d'étaler, mais de restreindre son halo mystique pour s'approcher davantage de la racine de son attirance.