Si la poésie n'était qu'inadmissible, elle le serait au même titre que tout ce qui nous arrive sans qu'il y ait volonté affichée. Inadmissible comme les chambres à gaz, comme l'horreur d'exister dans l'impuissance quasi totale que nous connaissons si bien, hors nos besoins, restes amoureux, dont nous faisons piteuse pâture, en nous gardant bien d'en dévoiler l'origine, qui est d'émotion. Or, vivre est émouvant, et la poésie n'est pas autre chose que le relevé sec, tranchant, impitoyable, de cette émotion sans équivalent immédiat. Il y a phénomène poétique dès qu'il y a suspicion d'impossibilité de régler la question sur-le-champ. Quelle question ? D'où il n'est pas étonnant que ce soit par la nuit que le jour s'enlève, se déchire la mauvaise peau. Le corps flamboie dans le noir. |