Mais cette fois, je reçois clairement le message que ta présence sur terre me concerne. La nouvelle m'a atteinte. Je m'entends respirer (...)
Quelques semaines plus tard, je te vois pour la première fois. Il n'a pas plu depuis deux mois. L'été étouffe dans sa poussière - les rues sont craquelées de sécheresse et crachent comme des dents leurs pavés déchaussés. Les chiens errants et les porcs ont le nez brûlant au ras du sol. L'air est crissant. La terre crie sa soif - je me hâte avec Louisette de quitter ce brasier et de retrouver la fraîcheur de notre maison.
Soudain, une troupe joyeuse débouche dans notre rue et s'avance au-milieu d'elle, leur maître. Toi. Radieux. Ces quelques pas qui nous séparent voilà qu'ils se multiplient à l'infini - la petite troupe piétine sur place comme si ce segment de pavé se répétait indéfiniment sous leurs pas - mon saisissement a bloqué le temps. Cette scène qui ne dure que quelques secondes se dilate et prend sa dimension d'éternité.
Tu t'es arrêté de parler, tu as suspendu tes gestes - tu me regardes.
J'ai reconnu celui que je ne connaissais pas.
Par mes yeux grands ouverts, tu fêtes en moi une entrée triomphale.