Il existe encore des pays où les provisions pour l'hiver proviennent du potager, de l'étable et du milieu environnant. Autrement, comment ces populations perdues dans les immenses plaines russes, où les ouvriers, les kolkhoziens, les mineurs, les militaires et les professeurs ne sont plus payés depuis des mois, parviendraient-elles à survivre ? Dans le nord du continent asiatique, de la Corée à la Sibérie, ou dans les villages reculés, au Canada, en Alaska ou en Patagonie, quand les journées sont longues, on travaille pour se préparer à affronter ces longues nuits où la Bible, Homère, Tolstoï, Shakespeare, voire Mozart seront lus à la faible lueur d'une lampe. Les provisions accumulées durant la belle saison, et qui permettent de survivre, sont entreposées dans les celliers creusés dans le sol, dans les greniers, mais aussi sous la neige.
En attendant l'hiver, chez nous aussi il vaut la peine de travailler, non pour accumuler de l'argent en banque, mais pour entasser des provisions de bois sec, de farine, de pommes de terre, des conserves de légumes, des confitures, des champignons secs, du confit d'oie, de la viande séchée et fumée, notamment du gibier, du lard recouvert de gros sel dans une auge de pierre, des sardines conservées aussi dans le sel, du fromage, du miel, en un mot tous les produits que nous donne la nature depuis les semailles du printemps jusqu'aux récoltes de l'automne.