Valérie lui donnerait à boire, à ce chien, du moment qu’il passerait devant sa maison.
Il revint. Pourquoi ? Il traversa encore une fois la plate-forme qui donnait sur le vide. Encore une fois il regarda cet homme. Mais bien que, cette fois, celui-ci lui fît un geste d’amitié, il ne s’en approcha plus. Lentement, il s’en alla pour ne plus revenir ce jour-là. Il avait transpercé de sa coulée colorée l’espace gris à la hauteur du vol des oiseaux. Si discrète avait été sa marche sur les roches de grès qui bordaient l’à-pic, qu’elle avait cependant tracé, du raclement sec de ses ongles sur les roches, dans l’air environnant, le souvenir d’un passage.
La forêt épaisse, sauvage. Ses clairières étaient rares. Le seul chemin qui la traversait – le chien le prit, cette fois – tournait très vite après la maison. Le chien tourna et disparut.
M. Andesmas souleva son bras, regarda sa montre, vit qu’il était 4 heures. Ainsi, pendant le passage du chien, Michel Arc avait commencé à prendre du retard sur l’heure du rendez-vous qu’ils avaient fixé ensemble, il y avait deux jours, sur cette plate-forme. Michel Arc avait dit que 4 heures moins le quart était une heure qui lui convenait. Il était 4 heures.
Son bras une fois retombé, M. Andesmas changea de position. Le fauteuil d’osier craqua plus fort. Puis, de nouveau, il respira régulièrement autour du corps qu’il contenait. Le souvenir déjà imprécis du chien orangé s’estompa et M. Andesmas ne fut plus entouré que par sa masse très grosse de soixante-dix-huit ans d’âge. Celle-ci s’ankylosait facilement dans l’immobilité, et de temps en temps M. Andesmas la déplaçait, la remuait un peu dans le fauteuil d’osier. Ainsi supportait-il l’attente.