De retour au village, il ne fallut pas deux jours à Montse pour constater que l’air y était encore plus irrespirable qu’elle ne l’avait appréhendé. Au tumulte joyeux de juillet avait succédé un climat de méfiance qui imprégnait tous les rapports et jusqu’aux plus intimes, quelque chose d’impalpable, quelque chose de mauvais et de délétère qui imprégnait l’air, qui imprégnait les murs, qui imprégnait les champs, qui imprégnait les arbres, qui imprégnait le ciel et toute la terre. Et elle qui avait ressenti de façon si intense le bonheur d’être libre, elle retrouva l’enfer des étroitesses. Elle pensa que le contrôle de tous par tous qui s’exerçait depuis toujours dans le village, mais à présent avec fureur, la ferait dépérir. Elle pensa que, quand bien même elle passerait ici sa vie entière, elle ne s’acclimaterait jamais plus aux commérages poussés à de telles extrémités que le seul fait pour une jeune fille d’allumer une cigarette était commenté des semaines entières, ainsi que les maladies dites de femmes, maladies dont les organes affectés n’étaient jamais nommés, leur simple prononciation étant jugée inconvenante sinon franchement obscène. |