Larsen sut immédiatement ce qu'il avait à faire. Peut-être le savait-il avant même l'arrivée de la lettre, ou du moins contenait-il en puissance, comme des graines, les actes qu'il pouvait à présent discerner et qu'il était condamné à commettre. Comme s'il était vrai que tout acte humain naît avant d'être accompli, préexiste à sa rencontre avec un exécuteur variable. Larsen savait ce qu'il était inévitable et nécessaire de faire. Mais il se souciait peu d'en découvrir le pourquoi. Et il savait, de même, qu'il était aussi dangereux de se soumettre à l'acte que de s'y dérober. Car, s'il se refusait à lui, après l'avoir pensé, l'acte, privé de la vie et de l'espace nécessaire, allait grandir, exaspéré et monstrueux, et il l'étoufferait. Si, au contraire, il acceptait de l'accomplir - et non seulement il l'acceptait mais il avait commencé de le faire - l'acte se nourrirait voracement de ses dernières forces. |