Une jeune femme accepte de partager ta vie. Tu ne peux rien lui dire de qui tu es, de ton histoire, de ta difficulté à vivre, mais tu lui apprends que le besoin d'écrire t'habite, et que selon toute probabilité, il va régir ton existence. Tu ne sais même pas si tu as quelque talent, si tu auras quelque chose à dire, et tu prévois qu'il te faudra longuement travailler avant de pouvoir écrire un livre digne d'être publié. Tu la préviens que tu n'as aucune ambition sociale et qu'elle risque d'avoir à se priver, faire des sacrifices, mener une vie terne, dénuée de toute joie et toute satisfaction. Elle te convainc pourtant de quitter ton poste de professeur et propose d'être seule à gagner votre pitance. Ainsi auras-tu tout ton temps à consacrer à l'écriture. Tu la mets en garde, expliques que ton aventure peut s'achever sur un fiasco. Elle ne veut rien entendre et maintient sa décision. Qu'on puisse croire en toi, en tes possibilités, te bouleverse, déclenche une crise de larmes, te donne envie de disparaître, et tu te reproches de n'avoir su la convaincre qu'elle commettait une grave erreur en pariant aveuglément sur ton avenir. |