Pour aimer, il faut avoir beaucoup à offrir, et tu ne sais que trop que tu es dépourvue de toute véritable richesse. Une fille comme toi, simple, ignorante et sans avenir, elle n'a rien à faire valoir. Certes, quoi qu'il arrive, tu seras une femme donnée, mais cette noblesse, cette grandeur qui sont la marque de l'amour, combien tu en es loin.
Les questions que tu te poses, elles te concernant. Tu te demandes ce que tu vaux, et si tu seras en mesure de répondre à cette exigence qui déjà t'aiguillonne. Une exigence si haute qu'elle semble outrepasser les limites de l'humain. Aimer, oui, mais aimer sans contrôle, sans mesure, dans un don de soi éperdu.
Tu passes par des alternances de joie et d'abattement. L'inespéré qui a soudain fait irruption et déchiré le gris de ton existence. Et la pensée que tu lui es par trop inférieure, qu'il y a trop d'obstacles, qu'il te faudrait mettre fin à ces rencontres avant même qu'il t'assène un jour qu'il ne peut y avoir de suite, que tout doit s'achever là. Plus tu attendras, plus amère sera la déception. Tu n'as d'ailleurs que trop rêvé. Il ne t'a serrée contre lui qu'une fois et jamais ses lèvres ne se sont emparées des tiennes.