-Je m'appelle Pascal. -Florin, enchanté, répondit-il. -Florin ? Comme mon beau-frère. -Je vous demande pardon ? -Le beau-frère de Pascal s'appelait Florin...Je veux dire, Pascal, Blaise Pascal, pas moi...Le philosophe. Un petit rire nerveux trahit ma gêne. Quelque chose chez lui m'intimidait. Il me regarda quelques secondes, sans indulgence. Puis, dit catégorique: -Blaise Pascal était un con. C'était péremptoire. De quoi troubler l'érudit barbu que j'étais. -Pourquoi dites-vous cela ? -Blaise Pascal ne fumait pas la pipe, ne buvait pas, ne jouait pas, ne baisait pas. C'était un con. Un con de janséniste triste. Si cet homme pensait vraiment ça, il s'agissait d'un idiot fini. J'eus un doute. Etait-il sérieux ou plaisantait-il ? Certaines personnes sondent leur interlocuteur d'un trait abrupt. C'est un bon moyen de savoir à qui on a à faire. Un étalonnage par l'esprit. Je me dis qu'un fumeur de pipe ne pouvait pas être un idiot fini. Je répondis par un calembour. -Pascal ne buvait pas, certes. Il faut dire que personne ne lui mettait la pression. L'homme ne réagit pas. Puis un large sourire se dessina sur son visage. Il me regarda satisfait et dit sur le ton de l'évidence: -Très bon. C'est l'heure de l'apéritif, venez... Ce grand type, d'instinct, je l'aurai accompagné au bout du monde. |