Ces endroits sont des purgatoires pour nous punir de nos péchés, briser nos défenses, nous préparer à mourir. Ceux qui refusent qu'il y ait une fin ne meurent pas dans leur sommeil. Ils se durcissent, ils se raidissent. La maladie les attrape par derrière. On les enferme dans des hôpitaux pour morts-vivants. Des infirmières lobotomisées leur renvoient leur impuissance jusqu'à ce qu'ils supplient qu'on les tue.
Une femme cherche sa clé, indifférente, avec un sursaut de dignité. Un peu partout, des brèches, des failles, des crevasses, des flaques. La porte est défoncée. La salle est dévastée. Derrière la vitre, les immeubles baignent dans un brouillard gris. Du sang pas entièrement coagulé s'accroche aux poils d'un vieux balai. Des traînées rougeâtres évoquent un carnage récent. Un canard en plastique jaune traîne dans un coin. Une table a été installée, avec un téléviseur.
Précédés par une rumeur grandissante, encapuchonnés jusqu'au nez, trempés par la pluie, les monstres arrivent et s'installent comme si ce désastre était normal. C'est moi qui ne m'adapte pas au décor dont la ruine est pourtant au diapason de mes délabrements.