Restait à savoir où j'allais bien pouvoir passer la nuit sans m'éloigner trop de cette gare qui restait mon seul point de ralliement. Avec courtoisie, un employé âgé me fit comprendre en me guidant vers la sortie qu'il était chargé d'en assurer la fermeture nul n'étant autorisé à y séjourner en dehors des heures de service. Nous nous saluâmes, et c'est d'un air désolé qu'il m'adressa un sourire d'impuissance en poussant derrière moi les deux battants d'une grande porte vitrée que je l'entendis verrouiller pendant que, dans l'indécision, je faisais quelques as sur une place déserte mal éclairée où un chien que je ne distinguais pas dans l'obscurité aboyait si furieusement que j'eus peur d'être assailli et mordu, la prudence me ramenant vers l'édifice comme s'il eût pu m'être un refuge.
Quelle ne fut pas ma stupeur d'y découvrir, entassées au pied de ses murs, ce qu'aussitôt je compris être avec épouvante les silhouettes de ceux que, par un quelconque désintéressement, on avait omis en leur temps de venir chercher à l'heure dite.