Ali, un poulain qui avait vu le jour en Mandchourie, passa sa première jeunesse sous les yeux de sa mère.
II
Devenu grand, il préférait se tenir à l'écart du grand troupeau des chevaux. On le voyait souvent se baigner dans la rivière.
III
Plus tard, il rencontra une jeune jument et galopait joyeusement çà et là avec elle dans la nuit éclairée par la lune.
IV
La soif de liberté était le trait dominant du caractère de ce cheval. Toutes les tentatives pour le capturer restaient vaines.
V
Comme il avançait en âge, ses irruptions dans les haras causaient de grandes agitations. Il semait le trouble chez les chevaux qui le suivaient comme un troupeau suit le cheval qui le conduit.
VI
On voulut traquer Ali comme une bête sauvage et quelques cavaliers réussirent à localiser le légendaire cheval blanc dans une région de marais.
VII
Ali sauta comme un géant par dessus la brèche d'un mur mais ce faisant il s'enferma lui-même dans la cour d'un vieux temple.
VIII
Un habile dresseur jeta un lasso sur le cheval de race affaibli par la faim et le renversa à terre.
XIX
Alors commença pour ce cheval qui, insoumis, ne voulait porter aucun cavalier, sa pire période de souffrance. Il dut des centaines de fois endurer le fouet.
X
Un prince mandchou, le commandant en chef de la province, entendit parler de l'extraordinaire cheval. Lui seul put monter Ali et la bête, attachée à lui par une incompréhensible affection, porta le prince au-delà des frontières de la province pour réprimer les rebelles.
XI
Après la victoire, le cheval tomba malade. Son désir de vivre libre dans la steppe l'avait repris. Son cavalier lui rendit la liberté mais il était trop tard. Chaque jour l'étalon blanc dépérissait. Autrefois si vif, il traînait maintenant son corps fatigué et décharné dans les bois les plus épais.
XII
Devenu aveugle, Ali se coucha au bord d'un ravin pour attendre la mort. Là, il entendit comme une voix familière qui appelait doucement son nom. C'était le prince, son ancien maître, devenu magicien. Il ordonna à Ali de se précipiter dans l'abîme et c'est ainsi que le cheval trouva la mort.