C'est mon père, et nul autre, qui a jeté les fondements d'une analyse à la fois efficace et habile des diverses formations de notre climat. Son Aperçu d'une systématique générale de l'automne a su dégager une fois pour toutes la nature intime d'une saison qui revêt dans nos climats de province une forme manifestement chronique, ramifiée et parasitaire, et qui, sous le vocable d'été indien, s'enfonce en traînant jusqu'au sein de nos hivers multicolores. Oui, c'est mon père, il faut y insister, qui, le premier, a expliqué le caractère par excellence secondaire d'une formation larvaire, tardive et qui n'est guère qu'une simple infection du climat par les miasmes de cet art baroque dégénérescent que l'on entasse depuis des siècles dans nos musées. Savamment décomposé par l'oubli, par l'ennui, hermétiquement clos dans les salles, cet art de musée finit par se glacer en de vétustes confitures et par adoucir exagérément notre climat; et il fomente alors de riches malarias, de splendides fièvres au beau milieu de cette débauche, de ce délire de couleurs où la splendeur de notre automne achève de s'exténuer. - Le Beau, disait mon père, est maladie, frisson intime qui annonce l'infection secrète, sombre préavis de pourriture levant sans hâte des entrailles de la perfection et que cette perfection même salue d'un soupir du plus profond bonheur. |