Les locataires de la tour d'ivoire ne sont pas nombreux. Ils vont par le monde, l'air de rien, sur les mers ou dans les trains. Au cœur des hivers les plus rudes ils emportent quelque chose avec eux, un nécessaire fabuleux dont ils ne se séparent jamais. Ils vont seuls, c'est dans leur nature. Les vieux greniers magiques, les cavernes d'Ali- Baba ou les monastères perdus, ce sont eux qui les gardent. Ils protègent le for intérieur, veillent à ce qu'il ne tombe pas en ruine. Les locataires sont amoureux de leur tour d'ivoire. Leur seule crainte, c'est de voir, un jour, le bail résilié. C'est de se retrouver à la rue, de ne plus pouvoir s'enfermer et de ne plus pouvoir résister, contre vents et marées, à ce petit rien, ce trois fois rien, ce trois fois rien qui les assiège et les émeut. |