Tout ce qui est humain est relatif, en tant que reposant sur des contrastes intérieurs ; car tous les phénomènes sont de nature énergétique. Or, sans un contraste, sans une tension préexistante, il ne saurait y avoir d'énergie. Il faut toujours que préexiste la tension entre le haut et le bas, le chaud et le froid, etc., pour que prenne naissance et se déroule ce processus de compensation qui constitue précisément l'énergie. Tout ce qui est vivant est énergie et, par conséquent, repose sur la tension des contraires.
0 Commentaires
Ce n'est pas une mince affaire que de s'avouer son aspiration profonde. Beaucoup ont besoin pour cela d'un effort particulier d'honnêteté. Beaucoup trop ne veulent pas savoir où se trouve leur aspiration profonde, car cela leur paraîtrait impossible ou trop affligeant. Et pourtant l'aspiration profonde est le chemin de la vie. Si tu ne t'avoues pas ton aspiration profonde, alors tu ne te suis pas toi-même, mais tu empruntes des chemins étrangers qui t'ont été désignés par d'autres. Ainsi tu ne vis pas ta vie, mais une vie étrangère. Mais qui vivra ta vie si tu ne la vis pas toi-même ? Ce n'est pas seulement stupide d'échanger sa propre vie contre une vie étrangère, mais c'est aussi un jeu hypocrite, car tu ne peux jamais vivre réellement la vie d'un autre, tu le prétends seulement, tu dupes autrui et toi-même, car tu ne peux vivre que ta propre vie.
i tu renonces à ton Soi, tu le vis dans autrui; ce faisant tu deviens égoïste aux yeux d'autrui, et ainsi tu dupes autrui. Tous croient alors qu'une telle vie est possible. Mais ce n'est là qu'imitation simiesque. En cédant à tes désirs simiesques, tu contamines les autres, parce que le singe incite au simiesque. Ainsi, tu fais de toi et des autres des singes. Par une imitation réciproque, vous vivez dans l'attente moyenne pour laquelle, de tout temps, une image a été façonnée par les désirs d'imitation de tous - celle du héros. C'est pourquoi le héros fut assassiné, car nous sommes tous devenus des singes à cause de lui. Sais-tu pourquoi tu ne peux renoncer au simiesque ? Par peur de la solitude et de la défaite. Se vivre soi-même, c'est être pour soi-même un devoir. Ne dis jamais que c'est un plaisir de se vivre soi-même. Ce ne sera pas une joie, mais une longue souffrance, car il te faut devenir ton propre créateur. Si tu veux te créer ne commence pas par le meilleur et le plus élevé, mais par le pire et le plus profond. Aussi, dis que cela te répugne de te vivre toi-même. La confluence des courants de la vie n'est pas joie mais douleur, car elle est violence contre violence, faute, et elle détruit ce qui est sacré.
En science comme en tout, il ne faut pas sans cesse avoir raison et prononcer des jugements irrévocables, mais se contenter de contribuer comme on peut à la recherche du but suprême : la connaissance.
Notre psychologie est une science à laquelle on peut tout au plus reprocher d'avoir inventé la dynamite avec laquelle travaille lui aussi le terroriste. Ce que le moraliste, le praticien en fera ne nous regarde pas et nous ne nous en mêlons pas. Bon nombre de profanes se hâteront de les utiliser aux fins les plus folles qui soient : cela non plus ne nous regarde pas. Notre seul et unique but est la connaissance scientifique qui n'a point à se préoccuper du brouhaha qui s'élève autour d'elle. Si religion et morale en doivent exploser, il serait dommage pour elles qu'elles ne possèdent pas plus de solidité. La connaissance est, elle aussi, une force de la nature qui va son chemin avec une nécessité intérieure que rien n'arrête. Là non plus, il ne saurait y avoir de palliatif ni de négociation : il ne peut y avoir qu'acceptation sans condition. Jusqu'à ces derniers temps, la psychologie formait une des parties de la philosophie; mais, comme Nietzsche l'avait prévu, il se dessine encore un essor de la psychologie qui menace d'engloutir la philosophie. La ressemblance intérieure de ces deux disciplines tient à ce qu'elles consistent toutes deux en une formation systématique d'opinions sur des thèmes qui échappent à une emprise totale de l'expérience et, par la suite, à la trame de la raison empirique. Elles excitent par là même la raison spéculative qui se met à élaborer des conceptions; cette élaboration prend des proportions et des aspects d'une diversité telle que, tant en philosophie qu'en psychologie, il faut de nombreux volumes pour résumer la multiplicité des opinions. Aucune de ces deux disciplines ne saurait subsister sans l'autre qui lui fournit, en un mutuel, tacite et en général inconscient échange, le principe même dont elle procède. Supposer qu'il n'existe qu'une seule psychologie, ou un seul principe psychologique fondamental, c'est accepter l'insupportable tyrannie du préjugé scientifique de l'homme normal. On parle toujours de l'homme et de sa "psychologie", que l'on ramène toujours à un "ce n'est pas autre chose que..." De même on parle toujours de la réalité, comme s'il n'y en avait qu'une. Or la réalité, c'est ce qui agit dans une âme humaine, et non ce que certains estiment efficace et généralisent hâtivement. Même quand on procède aussi scientifiquement que possible, on ne doit pas oublier que la science n'est pas la "somme" de la vie; elle n'est qu'une attitude psychologique parmi d'autres, une forme de la pensée humaine. |
Catégories
Tous
|