...l'esprit des profondeurs ouvrit ma vision et me fit prendre conscience de la naissance du nouveau Dieu. Le divin enfant vint vers moi, issu de la terrible ambivalence, de ce qui est à la fois laid et beau, risible et sérieux, malade et sain, inhumain et humain, non divin et divin. Je compris que le Dieu que nous cherchons dans l'absolu ne peut en effet être trouvé dans l' absolument beau, bon, sérieux, élevé, humain ou même divin. Jadis, le Dieu s'y trouvait. Je compris que le nouveau Dieu était dans le relatif. Si le Dieu est l' absolument beau et bon, comment pourrait-il comprendre la plénitude de la vie, qui est belle et laide, bonne et mauvaise, risible et sérieuse, humaine et inhumaine? Comment l'homme peut-il vivre dans le sein de la divinité si la divinité ne prend en charge qu'une moitié de lui ? Quand nous nous sommes élevés à une hauteur proche du bon et du beau, ce qui est mauvais et laid en nous est en proie aux plus vifs tourments. Ses tourments sont si grands et l'air des hauteurs si rare que c'est à peine si l'homme peut encore vivre. C'est pourquoi le bon et le beau se figent pour devenir la glace de l'idée absolue, et le mauvais et le laid deviennent un bourbier empli d'une infâme existence. |