Les images imaginées sont des sublimations des archétypes plutôt que les reproductions de la réalité. Et comme la sublimation est le dynamisme le plus normal du psychisme, nous pourrons montrer que les images sortent du propre fonds humain. Nous dirons donc avec Novalis : "De l'imagination productrice doivent être déduites toutes les facultés, toutes les activités du monde intérieur et du monde extérieur." Réanimer un langage en créant de nouvelles images, voilà la fonction de la littérature et de la poésie. Jacobi a écrit : « Philosopher, ce n’est jamais que découvrir les origines du langage », et Unamuno désigne explicitement l’action d’un métapsychisme à l’origine du langage : « Quelle surabondance de philosophie inconsciente dans les replis du langage ! L’avenir cherchera le rajeunissement de la métaphysique dans la métalinguistique, qui est une véritable métalogique. » Or, toute nouvelle image littéraire est un texte original du langage. Pour en sentir l’action, il n’est pas nécessaire d’avoir les connaissances d’un linguiste. L’image littéraire nous donne l’expérience d’une création de langage. Si l’on examine une image littéraire avec une conscience de langage, on en reçoit un dynamisme psychique nouveau. Nous avons donc cru avoir la possibilité, dans le simple examen des images littéraires, de découvrir une action éminente de l’imagination. La résistance de la matière terrestre est immédiate et constante. Elle est tout de suite le partenaire objectif et franc de notre volonté. Rien de plus clair, pour classer les volontés, que les matières travaillées de main d’homme. L’image ne doit pas être étudiée en morceaux. Elle est précisément un thème de totalité. Elle appelle à la convergence des impressions les plus diverses, les impressions qui viennent de plusieurs sens. C’est à cette condition que l’image prend des valeurs de sincérité et qu’elle entraîne l’être tout entier. |