Le brouillard agit comme le couvercle d'une cocotte : il maintient en lui, sous lui, les odeurs de terre surprise par un automne adolescent, d'herbe fatiguée par la froidure des matins, de bêtes encore aux champs, de prés vacants et d'asphalte trempé. C'est un grand flacon sans paroi, un pulvérisateur incessant (...) J'aime le brouillard car il me permet toujours d'entrer au plus profond de moi-même. En marchant au-dehors, dans une nature qui ne me livre que ses marges immédiates, quoique déjà dévorée par l'abrasion d'une gomme invisible, le monde devient une simple projection de l'âme, une hypothèse pénétrante et un peu froide. |