Toujours est-il qu'en ce jour de juin 1865 Dickens avait maintes raisons d'être content de lui. Cela faisait sept ans que l'écrivain s'était séparé de sa femme, Catherine, qui lui avait manifestement fait offense, au cours de leurs vingt-deux ans de vie conjugale, en lui donnant dix enfants sans se plaindre et en subissant plusieurs fausses couches, tout en s'accommodant le plus souvent de ses griefs et en satisfaisant le moindre de ses caprices. Ce comportement lui avait rendu son épouse si chère qu'en 1857, lors d'une promenade à travers la campagne au cours de laquelle nous avions dégusté plusieurs bouteilles de vin local, Dickens s'était plu à me décrire en ces termes sa Catherine bien-aimée : "Très chère à mon coeur, Wilkie, très chère. Mais dans l'ensemble, plus bovine que séduisante, plus pesante que féminine...un insipide brouet d'alchimiste où se mêlent un esprit vague, une incompétence immuable, une indolence languissante et une nonchalance douillette, un épais gruau que ne vient agiter que la pale de sa propension à s'apitoyer sur son sort." |