Lorsque j'entends ronfler l'anathème, - qui, pour le dire en passant, tombe généralement sur quelque poète préféré, - je suis toujours saisi de l'envie de répondre : "Me prenez-vous pour un barbare comme vous, et me croyez-vous capable de me divertir aussi tristement que vous faites ?" Des comparaisons grotesques s'agitent alors dans mon cerveau; il me semble que deux femmes me sont présentées : l'une matrone rustique, répugnante de santé et de vertu, sans allure et sans regard, bref, ne devant rien qu'à la simple nature; l'autre, une de ces beautés qui dominent et oppriment le souvenir, unissant à son charme profond et originel l'éloquence de sa toilette, maîtresse de sa démarche, consciente et reine d'elle-même, - une voix parlant comme un instrument bien accordé, et des regards chargés de pensées et n'en laissant couler que ce qu'ils veulent. Mon choix ne saurait être douteux, et cependant il y a des sphinx pédagogiques qui me reprocheraient de manquer à l'honneur classique. |