Ce texte a été écrit, mis en scène, créé en 2006, et interprété par Jean-René Lemoine.
Prologue (extrait) -Voici venu le moment de me présenter à vous pour cet entretien si longtemps différé. Je me présente à vous dans la nudité de l’errance, sans courage, sans véhémence et sans ressentiment. Je me présente tel que je suis, boitillant sur le fil que j’ai suspendu dans les cimes à une hauteur vertigineuse et, même au-dessus de ce vide, je dois vous dire que je vais infiniment mieux. Il faut cependant vous confier ma peur que vous ne veniez pas au rendez- vous où je vous ai conviée pour vous parler – autant l’avouer tout de suite – d’amour ; ou que, perdu dans l’immense altitude, je ne m’aperçoive pas que vous êtes arrivée. Alors, si vous voulez bien, quand vous serez enfin là, faites- moi un petit signe – un bruissement de robe, un soupir – pour que je sache que je ne parle plus au vent qui fait tanguer ma caravelle mais que, au cœur du souffle qui m’enveloppe et m’étreint, il y a toute votre présence, et qu’au terme de votre labyrinthique voyage, vous avez retrouvé le chemin qui menait jusqu’à moi. En attendant cela, je m’offre à votre invisible regard et, dans l’incertitude où je suis, je m’installe dans la patience comme le funambule agrippe le bâton qui lui permettra de rester en apnée dans l’infini des cieux. Tout va infiniment – infiniment mieux. |