BANCO : — De mon domaine, qu’il n’a pas augmenté, il me prend dix mille volailles par an, avec leurs œufs.
MACBETT : — C’est inacceptable.
BANCO : — J’ai combattu pour lui, vous le savez, à la tête de mon armée personnelle. Il veut l’intégrer dans son armée. Mes propres hommes, qu’il pourrait lancer contre moi-même.
MACBETT : — Aussi contre moi-même.
BANCO : — Jamais vu ça.
MACBETT : — Jamais, depuis que mes ancêtres...
BANCO : — Que mes ancêtres aussi.
MACBETT : — Avec tous ceux qui fouillent et qui farfouillent autour de lui.
BANCO : — Qui s’engraissent avec la sueur de notre front.
MACBETT : — Avec la graisse de nos volailles.
BANCO : — De nos brebis.
MACBETT : — De nos cochons.
BANCO : — Le cochon
MACBETT : — De notre pain.
BANCO : — Avec le sang que nous avons versé pour lui...
MACBETT : — Les périls dans lesquels il nous engage...
BANCO : — Dix mille volailles, dix mille chevaux, dix mille jeunes gens... Qu’est-ce qu’il en fait ? Il ne peut pas tout manger. Le reste pourrit.
MACBETT : — Et mille jeunes filles.
BANCO : — Nous savons bien ce qu’il en fait.
MACBETT : — Il nous doit tout.
BANCO : — Bien plus encore.
MACBETT : — Sans compter le reste.
BANCO : — Mon honneur...
MACBETT : — Ma gloire...
BANCO : — Mes droits ancestraux...
MACBETT : — Mon bien...
BANCO : — Le droit d’accroître nos richesses.
MACBETT : — L’autonomie.
BANCO : — Seul maître de mon espace.
MACBETT : — Il faut l’en expulser.
BANCO : — Il faut l’expulser de partout. A bas Duncan !
MACBETT : — A bas Duncan !
BANCO : — Il faut l’abattre.
MACBETT : — J’allais vous le proposer... Nous nous partagerons la principauté. Chacun aura sa part, je prendrai le trône. Je serai votre souverain. Vous serez mon vizir.
BANCO : — Le premier après vous.
MACBETT : — Le troisième. Car ce que l’on va faire n’est pas facile. Nous serons aidés. Il y a une troisième personne dans le complot : c’est Lady Duncan.
BANCO : — Ça alors.., ça alors... D’accord ! Heureusement.
MACBETT : — Elle est indispensable.
Entre par le fond Lady Duncan.
BANCO : — Madame !... Quelle surprise!
MACBETT, à Banco : — C’est ma fiancée.
BANCO : — La future Lady Macbett ? ça alors... (A l’un et l’autre.) Toutes mes félicitations.
Il baise la main de Lady Duncan.
LADY DUNCAN : — A la vie, à la mort !
Ils sortent tous les trois un poignard, ils lèvent les bras, croisent les poignards.
ENSEMBLE : — Jurons de tuer le tyran
MACBETT : — L’usurpateur
BANCO : — A bas le dictateur !
LADY DUNCAN : — Le despote.
MACBETT : — Ce n’est qu’un mécréant.
BANCO : — Un ogre
LADY DUNCAN : — Un âne.
MACBETT : — Une oie.
BANCO : — Un pou.
LADY DUNCAN : — Jurons de l’exterminer.
LES TROIS, ensemble : — Nous jurons de l’exterminer.