La neige sera légère comme du duvet d'oie, elle s'arrêtera d'abord sur les arbres, puis se glissera entre les branches pour se poser enfin sur les cortinaires gelés, sur les myrtilles, sur la mousse, tel un voile de sucre sur un gâteau. Les lièvres, les chevreuils, les cerfs s'immobiliseront pour regarder le nouveau paysage. Les renards pointeront le nez hors de leurs tanières pour humer les nouvelles odeurs qui reviennent. Mais quand tout sera blanc, les écureuils se souviendront-ils de l'endroit où ils ont caché leurs provisions ? Le vieux coq de bruyère du Tasse s'envolera sur l'arbre, où depuis des générations ses descendants ont attendu le retour du printemps, en se nourrissant de ses feuilles. Le bois sera plongé dans un temps irréel et moi j'irai me promener comme dans un rêve. Pour moi, bien des choses s'éclairciront dans cette lumière qui a sa source en elle-même. |