Récit de Gao Jian-li qui voit pour la première fois Chung- niang.
...j'entrai par hasard dans cette taverne. Une foudre me cloua sur place. Moi, homme sans feu ni lieu, j'eus la sensation immédiate d'être arrivé au port. C'était le milieu de l'après- midi. Aucun client n'était en vue. Au creux de la pénombre silencieuse, une jeune femme me fixa de son regard étonné, me sourit avec une grâce émouvante à vous arracher des larmes de gratitude. Fasciné, je scrutai son lumineux visage à l'ovale parfait, esquissé, eût- on dit, d'un trait de génie par un artiste qui n'aurait pas pu le réussir une seconde fois. Tout en elle était unique. Ainsi donc, en ce monde tombé si bas, une telle beauté existe, et la chance m'est accordée de la croiser sur mon chemin, en cette vie ! |