Elle était là, biche au centre d'une clairière, ignorant que le loup l'avait repérée. Le temps tombait goutte à goutte et je retenais ma respiration. Elle est foutue...Mais le ciel vint à se découvrir et le soleil envahit la cuisine. La femme, qui emplissait de riz l'autocuiseur, releva la tête vers la fenêtre. Comme le soleil du matin lui était doux ! Comme il répandait ses bienfaits...L'inox de l'évier en scintillait. Elle était de trois quarts et tout d'un coup, je n'ai plus remarqué d'elle que sa nuque ambrée, cambrée, le cou élégant surgi des mains expertes d'un potier. Et ce cou descendait couleur de sable vers une poitrine cachée, galbée de deux petites dunes. Au- delà de la vitre, la femme regardait le soleil miraculeux. Paupières mi- closes, elle se laissait inonder par ce cadeau du ciel; son visage, qui n'avait plus sa jeunesse, et pour tout dire n'avait guère de charme, accueillait sans résistance les rayons qui succédaient aux rayons pour elle toute seule, après être partis qui sait quand d'une étoile à cinquante millions de kilomètres d'elle. Oh! peu lui importait, à cet instant précis, de n'avoir ni charme ni jeunesse, je le savais bien. Elle était seule, croyait- elle, et tout à son enchantement. Les yeux toujours à demi fermés, elle souriait. Et je me suis dit alors elle doit souffler, se remettre qui sait de quelles peurs et souffrances; elle s'abandonne. Peut- être même est- elle heureuse. Si elle savait ! Oh! Son sourire...Il me faisait mal, tout à coup. Frapper l'écran de l'ordinateur pour attirer son attention...Qu'avais- je fait... |