Les taons s'abattent sur les bras des faneurs, sur les yeux des juments. Partout crépite le foin retourné par les fourches d'acier. Pieds nus dans les sandales, muets avec le chapeau de paille et la sueur. Les hirondelles de l'orage rasent les prés. Celui qui gronde à l'horizon comme une guerre finissante entasse des réserve d'étain. Il lui faut encore, lourd, s'élever dans le ciel, mais tous ont entendu a loin son premier pas. Les cris des huppes se sont tus, ne reste que le bruit de foin.
Le temps que la rosée soit sèche et la faucheuse avec la scie levée entre dans la prairie. La scie est baissée jusqu'à terre, une femme suit pour déranger l'herbe qui bourre. L'attelage tourne autour de l'herbe qu'il use, l'homme balancé par la tige métallique de son siège. Et les reproches vers les juments, le cliquet de la marche arrière aux quatre coins tiennent le pré. Finalement, un vol exténué de papillons clairs sur les andains plats et verts. La faucheuse partie, les oiseaux se posent sur le silence.
Yeuve reçoit l'orage contre les parois de sa gorge comme une croûte de pain. Il quitte son corps que martèle un coeur inaudible. Brisant l'attache des pensées, il fuit, libéré de contours et dans l'épaisseur des nuages cherche leurs fruits de plomb. Sa tête gronde, bousculée sur la voûte. Le bruit l'arrache aux habitudes d'être lui, efface la frontière entre ce qui était son souffle et l'air. Et les tombereaux de pierre qui s'écroulent dans les carrières du ciel comblent le vide, l'attente creusée par chaque éclair.