Insupportable à toi-même. Brûlé par un feu. Brûlé et consumé et détruit par ce dégoût et cette haine que tu t'inspires. Repoussé chaque fois à l'extrême limite de ce qu'il t'est possible d'endurer. Mais à chaque assaut, la limite recule. Tu n'as plus aucun désir et rien ne t'intéresse. Etres et choses ont disparu dans un brasier et tout n'est que cendres. L'ennui. L'accablement. La nausée du temps qui ne s'écoule plus. Ne coulera plus. Suffoquant à la pensée de ces jours qui s'étendent devant toi. Un combat de chaque seconde. En permanence le besoin d'en finir. Rôdant autour du geste ultime. Pour te préparer à l'instant où il te faudra l'accomplir. L'intenable. L'intenable. Et aucun répit. Aucun refuge. Aucune échappatoire. Demeurer là. Dans ce regard qui se regarde. Cet oeil qui se scrute. Et attendre. Et pâtir. L'être rompu, désagrégé, anéanti. N'étant plus que douleur. Mais donner à autrui une idée de cet absolu de la souffrance est rigoureusement impossible. Voilà pourquoi cette souffrance qui t'avilit, t'empêche d'être à l'unisson, te fait vivre dans la honte, tu la caches, tu la tais. |