Il y a cette expression idiote : tourner la page. Elle est idiote parce qu’elle fait de la vie un livre qu’on lirait sous la lampe, tranquille, alors que ce livre on ne peut rien en voir, pas même le titre, puisqu’on est dedans, puisqu’on a le cœur plein d’encre, de boucles et de déliés. La page où l’on se trouve, qui donc peut la tourner. Le livre qu’on est à soi-même, qui donc viendra le lire. Et pourtant j’ai l’impression d’avoir tourné la page ce matin, ce clair matin d’été. Le vent des événements, un courant d’air par la porte entrouverte, et voilà le cœur changé – d’autres encres dans le même livre. |