Un jour ou deux après les combats de rue, je me rappelle être passé dans l'une des plus belles rues et de m'être trouvé devant une confiserie dont la devanture était pleine de pâtisseries et de bonbons de la qualité la plus raffinée, à des prix renversants. Un magasin dans le genre de ceux que l'on voit das Bond Street ou rue de la Paix. Et je me souviens d'avoir éprouvé un sentiment de vague horreur et de stupéfaction en voyant qu'on pouvait encore gaspiller l'argent à de telles choses dans un pays frappé par la guerre et affamé. Mais Dieu me préserve d'affecter, pour ma part, une quelconque supériorité ! Après avoir manqué de confort durant plusieurs mois, j'avais un désir vorace de nourriture convenable et de vin, de cocktails, de cigarettes américaines, et le reste, et j'avoue m'en être mis jusque-là de toutes les superfluités agréables que j'eus les moyens de me payer.Durant cette première semaine, avant que le peuple ne descendît dans la rue, j'eus plusieurs préoccupations qui agissaient l'une sur l'autre de façon curieuse. En premier lieu, comme je l'ai dit, j'étais occupé à me rendre la vie la plus agréable possible. En second lieu, à trop manger et trop boire, ma santé s'en trouva toute cette semaine-là quelque peu dérangée. Je me sentais patraque, me mettais au lit pour une demi-journée, me levais, refaisais un repas trop copieux, et me sentais à nouveau malade.